dimanche 11 janvier 2009

"VOTRE JAMBE EST MALADE ? COUPONS-LA !

Par Larrycool

Au tout début de notre époque les religieux tentaient plus de soulager les malades que de faire progresser l'art de la médecine. On vit apparaître des botanistes qui recueillaient des plantes médicinales puis les stockaient dans des échoppes.
On considère que la maladie du corps est liée à celle de l'esprit et à la purification de l'âme. Dans notre médecine actuelle, il y a deux courants : le courant monastique et le courant scolastique ( enseignement de la théologie et de la philosophie ).
Le premier est connu pour son obscurantisme et sa stagnation puisque le courant Aristotélicien est dépositaire de la médecine et impose ses règles. En dehors des Aristotéliciens, personne n'a le droit de pratiquer la médecine. De plus, seuls l'écoute du pouls, l'étude des urines et le mysticisme sont utilisés pour accomplir les soins.
Pendant la période scolastique, on voit apparaître des écoles de médecine dont les plus réputées sont : Bologne, Salène, Montpellier.
Les médecins ne soignent que les nobles, quand à nous, les petites gens nous allons consulter les barbiers, les rebouteux...

Je vais ici vous conter une anecdote tragique, révélant combien les pratiques de notre médecine peuvent être brutales et dangereuses.
Ceci nous est rapporté par un musulman considéré comme l'un des meilleurs spécialistes du corps humain dans son pays.

Il raconte qu'un jour appelé par la Cour de France pour une série de consultations urgentes, il doit se rendre au chevet d'un chevalier bien mal en point. Le pauvre homme souffrait d'un vilain abcès à la jambe. La plaie s'était infectée et menaçait de s'étendre.
D'ordinaire, les spécialistes ont recours à l'amputation. Mais notre savant oriental envisage une méthode plus douce : il prépare un petit cataplasme dont il a le secret et l'applique sur les chairs corrompues. Puis il demande de patienter quelques temps, car le remède ne peut agir sur l'instant.

Peu après, notre ami rencontre une femme prise de fortes fièvres. Son état empire d'heure en heure à tel point que l'on craint pour sa vie. Le médecin connaît ce genre de symptômes, il prescrit un traitement certes un peu particulier mais révélateur d'une certaine clairvoyance scientifique. Pour " rafraîchir " le tempérament de la jeune fille il est nécessaire que celle-ci boive beaucoup d'eau et s'abstienne de consommer certains aliments.

On en est là, lorsqu'un de ses confrères occidental, français de surcroît, entend dire qu'un musulman soignait des Aristotéliciens, ce que l'Eglise interdit avec la dernière des fermetés...Peut-être craignait-il qu'on ne lui prenne sa clientèle ? Qui sait ?
En tout cas il s'approche du chevalier bléssé, examine la plaie infectée et dit :
" Veux-tu mourir avec tes deux jambes ? Ou préfères-tu vivre
avec une seule "?
" Je préfères vivre encore avec une seule jambe !" répond l'homme.
Aussitôt dit aussitôt fait. Le médecin s'empare d'une lourde hache. Le patient est amené à un billot de bois sur lequel il étend sa jambe malade. L'instant d'après, un coup bien donné suffit à détacher le membre. L'heure suivante, l'infortuné chevalier décède.

Arrive le tour de la jeune femme prise par les fièvres. Le médecin l'observe un moment, puis lui dit en désigant du doigt le savant musulman qui assistait à la consultation sans rien dire :
" Cet homme est incapable de te guérir ! Tu es possédée par le démon !"
Comme le veut une vieille croyance, il recommande à la malheureuse de consommer d'abondantes quantités de moutarde et d'ail, aliments que les mauvais esprits ont en horreur.
Mais le démon ne semble pas vouloir disparaître...
" Si tu ne vas pas mieux, c'est que Satan est déjà en Toi et dans ta tête " annonce le médcin français.
Il envisage un traitement plus radical. Muni d'un rasoir, l'homme opère une large incision en forme de croix sur le crâne de la malheureuse. Les plaies sont si profondes que les os apparaissent. Il applique sur les lésions du sel et frotte énergiquement le cuir chevelu en sang. On imagine les tourments endurés par le jeune femme qui ne survivra pas à ces supplices.

Devenu impuissant de ces scènes qu'il ne comprend pas, le musulman s'en retourne chez lui, terrifié par nos pratiques médicales.
De nos jours, soigner demeure un acte incertain et lourd de risques. Dans les monastères, les aristotéliciens confectionnent des potions d'herbes sauvages et de racines dont ils se transmettent les compositions mais qui ne peuvent pas grand chose contre nos épidémies mortelles.
En revanche, dans les contrées orientales, les Musulmans ont acquis un savoir scientifique bien plus étendu. Les Cours de Bagdad et de Damas attirent de prestigieux spécialistes, capables de réduire les fractures importantes et d'opérer certaines affections ophtalmiques.

A l'origine de cette avancée remarquable, le Djihad. Quand les armées de l'Islam se heurtent aux Byzantins ou aux Perses, les anciennes capitales de l'Antiquité tombent entre leurs mains.

Déjà Alexandrie ouvre ses portes aux conquérants, les intellectuels y redécouvrent les héritages des civilisations gréco-latines et héllenistiques que l'Eglise Aristotélicienne a ignorées depuis de nombreux siècles. Parmi les milliers de manuscrits, se trouvent ceux de Gabien et d'Hippocate, deux auteurs qui réfléchirent en leur temps aux mystères du corps humain. Les érudits musulmans perçoivent très vite tout le profit qu'ils peuvent retirer de tels écrits. Les parchemins rédigés dans la langue grecque sont traduits en arabe puis diffusés à travers tout le bassin Méditerranéen.

L'occident s'intéresse aux progrès médicaux que l'Islam véhicule avec Lui. Néanmoins bien que le savoir médical s'enrichisse au contact des spécialistes musulmans les plus imminents, les praticiens occidentaux demeurent prisonniers de théories qui feraient sourire d'ironie les plus simples d'entre nous.
On pense ainsi que quatre liquides différents parcourent les tissus humains : le sang, la bile, la bile noire et le phlegme. La maladie croit-on survient quand l'un d'eux est en quantité trop importante par rapport aux trois autres.
On imagine que certains des organes du corps sont froids et d'autres chauds...

Une consultation à notre époque se déroule d'une manière étrange. Le médecin essaye de déterminer la cause d'un symptôme, d'une douleur. Mais il ne touche pas son patient et construit son diagnostic sur l'examen des urines que ce dernier lui fournit : une urine trop claire est signe d'ennuis digestifs où d'affection de l'estomac ; une urine trop foncée, des problèmes de foie...Parfois il faut goûter!!!

Au moment de rédiger l'ordonnance, le savant n'oublie jamais de conseiller en plus des traitements à suivre, quelques prières, une pénitence voire un pèlerinage. Nos ouailles considèrent qu'il est naturel qu'un médecin prenne soin de la santé spirituelle de ceux qui viennent le trouver.

Ne doutons pas que l'aventure des sciences du corps humain (malgré quelques aberrations) a bel et bien débuté. Espérons qu'elle a devant elle de plus belles années...

Larrycool (carapace d'acier, coeur d'or)

Sources : Monsieur M.Barbaud et sources personnelles

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