samedi 28 mars 2009

La Complainte des Martyrs de Troyes

La Complainte des Martyrs de Troyes
( écrit en vieux français)

Article dédié à tous ceux pour qui l'amitié se doit d'être une priorité. Pour tous ceux qui restent tenaces et complices de leurs idées, opinions et convictions religieuses.

Enfin pour tous ceux qui font de la solidarité, un combat permanent.



Cette complainte témoigne du brûlement de 10 Juifs de Troyes, au Moyen-Age.


Elle est mise à grand mal, la malheureuse gent ;
Et ce n’est pas sa faute, si la rage la prend,
Car d’entre eux sont brûlés maints preux braves et gens,
Qui n’ont pu pour leur vie donner rachat d’argent.

Notre joie est troublée, troublé notre déduit.
Car ceux que la Torah occupait sans répit, étudiant sans fin et de jour et de nuit,
Ils ont reconnu Dieu ! Et tous ils sont détruits.

De la réforme gent, nous souffrons ces douleurs,
A bon droit nous pouvons bien changer de couleur.
Dieu ! prends-nous en pitié : entends nos cris, nos pleurs !
Car nous avons perdu maint homme de malheur.

En place est amené Rab Isaac Châtelain
Qui pour Dieu laissa rentes et maisons tout à plein.
Il se rend au Seigneur. Riche était de tous bien
Bon auteur de Tosphot (commentaire biblique) et bon auteur de plains( complaintes).

Lorsque la noble femme vit brûler son mari,
Le départ lui fit mal ; elle en jeta grand cri :
"Je mourrai de la mort dont mourut mon ami."
Elle était grosse ; aussi grand’peine elle souffrit.

Deux frères sont brûlés, un petit et un grand ;
Le plus jeune s’effraie du feu qui lors s’éprend :
"Haro ! je brûle entier !" et l’aîné lui apprend :
]"Au paradis tu vas aller ; j’en suis garant."

La bru qui fut si belle, on vient pour la prêcher :
"Pour te tenir bien chère, nous t’offrons écuyer".
Elle, aussitôt, contre eux commença à cracher :
"Je ne laisserai Dieu, vous pouvez m’écorcher."

D’une voix tous ensemble, ils chantaient haut et clair,
Comme des gens de fête qui dussent caracoler.
Leurs mains étaient liées, ils ne pouvaient baller,
Jamais on ne vit gens si vivement marcher

Le félon, le maudit, les brûlait, irrité
Les uns après les autres. Alors un kadosh ( un saint homme) : "fais,
Fais grand feu, méchant homme"
, il osa l’outrager.
Elle fut belle, la fin de Biendict d’Avirey.

Il y eut un noble homme qui se prit à pleurer :
"Pour mes enfants, je pleure ici désespéré,
Non pour moi."
Il se fit brûler sans plus tarder ;
Ce fut Simon, sopher ( scribe de métier) , qui sut si bien orer ( lire, prier)

Les prêcheurs sont venus Isaac Cohen quérir :
"Qu’il abjure, ou sinon il lui faudra périr."
"Que me demandez-vous ? Pour Dieu je veux mourir.
Prêtre, je veux l’offrande de mon corps lui offrir."


"Tu ne peux échapper, puisque nous te tenons,
Deviens chrétien."
Mais lui, aussitôt répond : "Non,
Pour les chiens, je ne veux laisser Dieu, ni son Nom !"

On l’appelait Haïm, le maître de Brinon.

Il y eut un kadosh qui fut conduit avant ;
On lui fit petit feu qu’on allait avivant.
De bon coeur, il invoque Dieu, menu et souvent,
Souffrant doucement peine au nom du Dieu vivant.

Dieu vengeur, Dieu jaloux ! Venge-nous des félons ;
D’attendre ta vengeance, le jour nous semble long !
A te prier d’un coeur entier, là où nous restons et allons,
Nous sommes prêts et disposés, réponds, Dieu, quand nous t’appelons.


Larrycool (carapace d'acier, coeur d'or)

(Sources anonymes, mais cette complainte a été retrouvée par Sire Arsène Darmesteter et publiée dans sa Revue des Etudes Juives).

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