Inspiré du rituel sacrificiel, il existe un modèle permanent de persécution contre le bouc émissaire que l'on retrouve de tous temps, à travers toutes les cultures. Fondée sur une série de stéréotypes qui gravitent autour du fantasme de conspiration, la rumeur fait toujours partie du scénario des persécutions quelqu'en soient les acteurs religieux, politiques ou idéologiques. " Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage ". La rumeur est là pour expliquer Comment et Pourquoi le chien a attrapé la rage...
Face à la complexité des problèmes sociaux et au sentiment d'impuissance qu'elle génère, il est tentant de trouver des responsables à condamner.
Les rumeurs sacrificielles sont des récits de diabolisation qui visent à transformer en bouc émissaire une victime de la violence sociale. Ces rumeurs ont pour fonction d'induire une trame collective au cours de laquelle le public, fasciné par un récit qui répond aux besoins inconscients de l'imaginaire collectif, perd contact avec ses références habituelles, se libère de ses interdits et de ses censures morales pour exprimer une violence symbolique ou réelle.
Trois phases sont générées par la rumeur sacrificielle :
- L'irréalité
- la fascination
- Le sacrifice
1) L'irréalité
L'imaginaire se nourrit d'une ambiance passionnelle propice à la confusion et au surgissement de la rumeur sacrificielle. Le fantasme de conspiration est le décor dans lequel s'agitent les acteurs de la rumeur. En déstabilisant les références habituelles ce climat tend à effacer l'esprit critique, les facultés de jugement et l'ancrage de la conscience collective dans le réel.
(Ce qui interesse la rumeur, ce n'est pas de dire le réel, mais de le modifier. A partir du moment où les faits réels sont considérés comme une déception, autant se détourner d'eux et de se préoccuper de leurs contours).
2) La fascination
La propagation de la rumeur. Destabilisée, coupée du réel, la conscience collective est embarquée dans un phénomène de trame fondée sur la suggestion et la fascination.
Au cours d'une trame, la conscience collective est focalisée sur un seul sujet, une seule personne et oublie tout le reste, la rumeur suit alors un cours souverain, c'est la certitude par excellence.
Plus la rumeur s'éloigne de la source qui l'a fait naître, plus elle grossit et se nourrit des fantasmes de ceux qui la colporte. Alimentée par l'intolérance et l'ignorance, la rumeur est l'arme anonyme d'une majorité silencieuse qui n'a souvent rien d'autre à dire que de répéter stéréotypes et slogans qui sont le fond de commerce de la propagande médiatique.
3) Le Sacrifice
C'est l'expression de la violence. On tue le bouc émissaire au cours d'un sacrifice expiatoire. La rumeur est une flèche qui est tirée dans une atmosphère d'anxiété et d'incertitude et lorsque l'on sait qu'elle va faire mouche.
La rumeur est bel et bien une forme d'assassinat. Dans notre démocratie, l'arme politique la plus redoutable est l'utilisation de la rumeur.
Comment s'en sortir ?
La rumeur est une violence sociale destructrice, dont sont victimes tous ceux qui, involontairement sont poussés sur la scène publique pour jouer malgré eux le rôle de bouc émissaire. La rumeur opère alors un véritable envoûtement qui s'empare de l'intimité personnelle d'un individu pour le réduire au rôle fonctionnel de bouc émissaire dans un scénario expiatoire.
Parmi les victimes de rumeur, certains trouvent un entourage qui leur permet de résister. Ceux qui s'en sortent, savent que ce qui ne tue pas, rend plus fort.
Par contre, beaucoup auront du mal à s'en remettre, certains somatisent, déclencheront une maladie, seront détruits à vie.....
Climats, économie, épidémies, circonstances politiques... Nous souffrons des guerres, des disettes, des maladies comme la peste (25 millions de victimes il y a 100 ans dans toute l'Europe), de nombreuses jacqueries réprimées. Beaucoup de gens ont perdu leur orientation religieuse. Il y a toujours des catastrophes qui ne permettent pas aux gens d'avoir assez d'optimisme et d'espoir.
Les récoltes sont maigres et les gens meurent de faim. De telles circonstances couvent la haine et la violence dans la population.
Etant affaiblie, la population cherche un coupable, quelqu'un responsable de leurs misères. On essaye de trouver l'explication dans la religion et on commence à poursuivre les hérétiques.
Alors on marginalise et on persécute des personnes un peu différentes à cause de leur apparence (trop belles ou trop laides) de leur position sociale (trop riches ou trop pauvres). La chasse aux sorcières devient un phénomène d'envergure européenne à cause de l'invention il y a peu de l'imprimerie. Ainsi de tels médias, contribuent au développement de la persécution.
A notre époque, Nous, les femmes, sommes infèrieures et vivons sous la loi des hommes. Il y a une mysogynie de la part de l'Eglise. Selon les clercs, nous sommes pècheresses, sottes et dangereuses. Rappelez-vous un certain abbé qui, il y a 200 ans nous traitaient de " sacs de fiente ". A l'heure actuelle on nous qualifie de " mâles déficients ".
Dans le monde laïc, on montre des images plus positives de notre aura. On nous présente comme aimante et prudente.
Conclusion
La chasse aux sorcières ne sera pas le seul exemple d'une hystérie collective qui s'est déclenchée il y a peu et qui est alimentée par des rumeurs. Nous avons parlé d'autres évènements qui suivent plus ou moins le même modèle dû à un choc initial, une situation inquiétante, insupportable, entraînant une théorie de complot avec recherche d'un coupable, médiatisation de cette explication permettant de soupçonner n'importe qui, souvent par des on-dits, des rumeurs et conduisant... au bûcher.
Informations provenant de "feu" mon grand-père, ancien professeur d'histoire, j'ai simplement mélangé ses sources avec un travail personnel sur la propagation de la rumeur...
Larrycool (carapace d'acier, coeur d'or)